Il y a deux ans, j’ai rencontré une couturière qui avait quatre fois mon âge. En la regardant, j’ai beaucoup appris. Elle appréciait que je lui rende visite, et j’appréciais échanger avec elle. Elle était un peu la grand-mère maternelle que j’ai très peu connue. Au fil de nos discussions, j’ai appris que la vie de l’époque n’était pas simple et que la condition des femmes était très différente de celle aujourd’hui. Il est toujours difficile de comparer des époques et d’évaluer laquelle est la meilleure. Mais une seule chose est certaine à 100% : ces époques étaient très différentes. Elle adorait me dire la phrase suivante.
La couture est le meilleur antidépresseur contre les épreuves de la vie.
Mme Sire
C’est une affirmation qu’elle tenait de son expérience personnelle, mais je n’ai eu aucun mal à la croire. On nous a déjà tous dit que le sport était bon pour la santé mentale, et que se tenir occupé est un remède assez efficace pour encaisser les coups durs mais qu’en est-il vraiment ?
L’analyse de Daniel Goleman
Je ne sais pas si vous connaissez le chercheur et écrivain Daniel Goleman mais il a réalisé de nombreux travaux sur l’intelligence émotionnelle. Ce n’est bien sûr pas le seul mais c’est de loin celui qui l’a la plus divulguée. Il détaille entre autres les émotions primitives : joie, tristesse, peur et la colère. Il explique leur importance dans le but premier de l’être vivant, à savoir survivre et faire perpétuer la vie.
Il dit aussi que l’état de dépression est issu de la tristesse. Selon lui, la tristesse est essentielle pour surmonter les épreuves et qu’un être en état de tristesse se ressource pour rebondir. La meilleure manière pour surmonter l’état de tristesse ou de colère est d’exercer une activité qui concentre notre attention sur autre chose que nos états d’âmes et les raisons qui nous poussent à être tristes.
Gabrielle Chanel
Après avoir regardé de nombreux documentaires et lu un livre sur Gabrielle Chanel, j’ai constaté qu’à chaque fois qu’il lui arrivait une épreuve difficile à surmonter (désillusion de ne pas pouvoir épouser l’homme qu’elle aimait, douleur lors de la mort de ce dernier dans un accident de voiture, rude concurrence d’autres maisons de couture, etc.), elle se réfugiait dans le travail.
Je me suis alors imaginée que c’était pour éviter de ressasser ses idées noires et pour aller de l’avant.
Mon expérience personnelle
De mon côté, j’ai déjà remarqué qu’en étant active – même si j’ai plutôt tendance à vouloir me glisser sous ma couette avec un paquet de bonbons et un bon film – mes sentiments négatifs disparaissaient beaucoup plus vite (bon, vous me direz, je n’étais pas en dépression !).
Petite anecdote, la dernière fois, je me suis laissée emportée par la panique face à tout ce que j’avais à faire. Entre les examens de sortie d’école, mon entreprise et la chemise anniversaire de mon copain, j’étais incapable de prendre une décision. D’ailleurs, pour la chemise, ça faisait déjà un mois que ce n’était plus son anniversaire !! Le choix m’impliquait un renoncement et donc un sentiment négatif et de culpabilité. L’inaction provoquait encore plus de sentiments négatifs mais semblait le choix le plus agréable.
Finalement, je me suis botté les fesses et j’ai commencé la chemise. Trois heures plus tard, j’étais reboostée, prête à m’attaquer à ma pile de travail (bon, la chemise n’était pas pour autant terminée).
Je comprends ce qu’a voulu dire la couturière. La couture est une activité qui nous maintient actif et qui nous permet de nous détourner de nos émotions négatives, quel que soit leur degré.
Et vous, quel est l’effet de la couture sur vous ? Pensez-vous que coudre ou se maintenir en activité peut être un moyen de lutter contre la dépression ou doit-on toujours passer par un traitement ? 🙂